Corse Net Infos - Pure player corse
Les brèves

« Napoléon l’homme et le stratège » conférences au lazaret Ollandini mercredi prochain 7 août à 19h  06/08/2019

« Napoléon l’homme et le stratège » conférences au lazaret Ollandini mercredi prochain 7 août à 19h

Il est né  voici 250 ans  à Ajaccio justement,  Ajaccio qui n’oublie jamais de célébrer ses enfants. Napoléon, en particulier bien sûr. Ainsi l’association « le lazaret Culture Club », ancrée dans la ville se devait de participer à cet anniversaire historique. Elle y participe en donnant la parole à deux historiens de renommée internationale, mais aussi issus de la région : Olivier Battistini et Raphaël Lahlou, tous deux ayant déjà publié de nombreux ouvrages de référence, chez les plus grands éditeurs. C’est donc mercredi prochain 7 août à 19h au lazaret Ollandini - Musée Marc Petit que nos deux historiens traiteront du sujet qu’ils ont choisi : « Napoléon, l’homme et le stratège ». Entrée 5 €. 

Le thème a été peu traité : «  l’homme, et le stratège ». L’un des deux conférenciers - Raphaël Lahlou, en l’occurence - parlera plus de l’homme, tandis que l’autre – Olivier Battistini - du stratège qu’était l’Empereur…

"Napoléon est l'une des rares figures historiques contemporaines ayant pu atteindre la dimension du mythe » écrit Raphaël Lahlou «  Et même: en incarnant ou installant une certaine mythologie. Il partage cela d'ailleurs avec 

 

 

 

Alexandre le Grand présenté par Olivier Battistini. Mais, à l'inverse d'Alexandre, il n'a pas hérité d'un royaume. Il s'est, d'Ajaccio à Sainte-Hélène, efforcé de s'imposer aux circonstances de la France révolutionnaire et de l'Europe des coalitions opposées à elle. En tentant de diriger une vision de l'Europe, de l'Orient et du monde politique de son temps, et en créant un "système de famille", en ne reniant pas toutes les traditions. Pourtant, il appartient à bien des traditions, de culture, de droit, de formation militaire. 

"Lettré, politique, stratège et chef de guerre, Napoléon n'est pas un "idéologue". C'est son parcours complet, multiforme que Raphaël Lahlou va tenter d'explorer, car si l'on peut espérer "expliquer" Napoléon et ses phases multiples, on ne saurait avoir "un avis" ou avoir la prétention de "le comprendre". C'est un homme et un Corse, entre diverses îles, face au continent liquide de la Méditerranée aussi qu'il faudra essayer de fixer mais non pas de figer. Et saisir enfin sa figure telle qu'elle s'est imposée depuis au monde et dans les Lettres."

 

Quant au stratège, lisons Olivier Battistini : «  J’interviendrai sur l’art de la guerre chez Alexandre le Grand et Napoléon. Je fonderai mon approche sur un texte de Diodore présentant les Corses comme des êtres féroces et guerriers refusant la servitude, et, déjà, par le sens de la justice et de l’équité qu’ils pratiquent, des êtres politiques à la manière des Grecs. Ce rapport à la chose politique se retrouve chez tous les grands Corses jusqu’à Paoli et Bonaparte. Nietzsche exalte la « vertu virile » des Corses forts et libres. À propos de la Corse, il écrit à Peter Gast, le 1er février 1888 : « Peut-être que l’âme s’épure-t-elle et se fortifie-t-elle là-bas, devient-elle plus fière ». Nietzsche admire le Corse à qui son honneur commande la vendetta, la probabilité d’une balle ne le dissuadant pas de satisfaire à son honneur : « La fierté ! Comme critère. » Il admire d’autant plus Pascal Paoli qui « dut présenter l’abandon au collectif comme étant plus noble – comme un sacrifice ! — et exiger le renoncement à la vengeance par le sang comme un dépassement de soi supérieur – et jetait pour cela l’opprobre sur celui qui se venge ». Nietzsche, l’Hyperboréen, est, également, fasciné par « le Corse Napoléon » qui a la

 

 

 

 « fierté de l’homme qui se révolte ». Napoléon, c’est « l’apparition d’un maître absolu », le « plus haut bonheur auquel ce siècle ait pu atteindre » (Par-delà Bien et Mal, 110-11). Il se représente Napoléon « comme une sorte de force métaphysique » : Voir Nietzsche, Le Gai savoir, 362 : « Notre foi en une virilisation de l’Europe. — C’est à Napoléon (et nullement à la Révolution française qui cherchait la “fraternité” entre les peuples et les universelles effusions fleuries) que nous devons de pouvoir pressentir maintenant une suite de quelques siècles guerriers, qui n’aura pas son égale dans l’histoire, en un mot, d’être entrés dans l’âge classique de la guerre, de la guerre scientifique et en même temps populaire, de la guerre faite en grand (de par les moyens, les talents et la discipline qui y seront employés). Tous les siècles à venir jetteront sur cet âge de perfection un regard plein d’envie et de respect : — car le mouvement national dont sortira cette gloire guerrière n’est que le contrecoup de l’effort de Napoléon et n’existerait pas sans Napoléon. C’est donc à lui que reviendra un jour l’honneur d’avoir refait un monde dans lequel l’homme, le guerrier en Europe, l’emportera, une fois de plus, sur le commerçant et le “philistin” ; peut-être même sur la “femme” cajolée par le christianisme et l’esprit enthousiaste du dix-huitième siècle, plus encore par les “idées modernes”. Napoléon, qui voyait dans les idées modernes et, en général, dans la civilisation, quelque chose comme un ennemi personnel, a prouvé, par cette hostilité, qu’il était un des principaux continuateurs de la Renaissance : il a remis en lumière toute une face du monde antique, peut-être la plus définitive, la face de granit. Et qui sait si, grâce à elle, l’héroïsme antique ne finira pas quelque jour par triompher du mouvement national, s’il ne se fera pas nécessairement l’héritier et le continuateur de Napoléon : — de Napoléon qui voulait, comme on sait, l’Europe unie pour qu’elle fût la maîtresse du monde. » Me fondant sur ce premier point, j’aborderai la stratégie et son art chez l’Empereur en tissant des correspondances entre Alexandre et Napoléon qui impose à l’Europe des Lumières une vision politique fondamentalement différente : le rapport au pouvoir, à la parole et à la guerre. ».

Quelques mots sur les conférenciers :